Parc National du Sajama-Bolivie


Il y a des endroits dans le monde qui vous rattrapent pour vous emporter hors du temps dans une autre dimension. De ces villages aux murs décrépis et aux toits ondulés où le temps se dilapide entre les rêves et les pas et où l’envie d’écourter le séjour s’envole comme le sable soufflé par le vent rugissant de l’Altiplano… Bienvenue à Sajama !

Si l’éternité avait un visage, ça serait peut être celle de Sajama. L’éminent sommet bolivien est une passerelle entre les mondes. Pour la première fois dans ma vie je voulais sentir les vent des Andes au dessus de 5000m et comprendre qu’il règne en maître à Sajama. Situé sur la cordilière occidentale, ligne de partage entre les paysages arides du Pacifique et les immenses étendues de l’Altiplano, il trône en solitaire dans ce décor de Far West à 6542m d’altitude.

Pour les géographes, il constitue le point le plus haut de la Bolivie et dresse sa puissante stature à 400kms de La Paz.

A 200 kms à la ronde on l’aperçoit et sa cime semble flotter au dessus de la Pampa où se dressent ca et là des ruines de tombes pré-incas. Loin du flux incessant des camions, une trace au bout de laquelle un bus vient cracher un touriste avant de l’abandonner au milieu de nulle part; là le voyageur étourdi par l’altitude et les lieux cherchera en vain une ombre pour se protéger de l’ardent rayonnement solaire. Le Parc national de Sajama est l’une des merveilles méconnues de l’Altiplano.

Outre ces majestueux volcans, il abrite de nombreuses espèces animales comme l’alpaga, la viscache (lapin aux longs poils et à la longue queue) et même quelques condors. Ce village constitue un merveilleux camp de base pour rayonner aux alentours Face à Sajama on est seul. Tout autour le sol mou et desséché est fait d’une poussière de lave et laisse pointer une maigre végétation. Sur cet altiplano, se trouvent de grands troupeaux de camélidés. Sajama, des dizaines de milliers de lamas contre un peu plus de 300 habitants. Ce décor d’altitude évoluant entre 4300 et 6500m sur la cime, une température moyenne de 4° pour ces villageois qui n’ont pas de chauffage dans les maisons, de électricité qu’un petit moment dans la journée et qui sont alimentés par l’eau des glaciers. Cette dureté des éléments est fertile pour l’esprit et comme le vent qui rugit sur les hauts plateaux, il s’envole partout dans cette immensité généreusement offerte.Il y a une vingtaine d’années, alors que la panaméricaine n’avait pas encore été tracée, le voyage de La Paz déversait son flot de camions pour alimenter le village en légumes frais, en produit de première nécessité et en visage nouveaux. Depuis, la rectiligne et monotone Panaméricaine passe à 10 kms de là et file droit vers le petit port d’Arica au Chili, de l’autre côté de la cordillère et l’ancienne piste est devenue désertée. Seuls les camélidés, les pneus de cyclistes et les rares camionnettes soulèvent des tourbillons de poussière volcanique.

Pour se rendre au Parc National depuis La Paz, le Parc National s’atteint en 3-4 heures de collectivo et en 2 étapes: la première m’a conduit de La Paz à Patacamaya et la seconde, plus typique, en mini collectivo m’a déposé jusqu’au cœur du village.

Un seul collectivo part de Patacamaya entre 11h et 12h et il faut attendre qu’il soit complet pour que le chauffeur se mette en route.

Je m’y suis rendu fin Avril 2017 et la météo n’a pas été des plus clémente. Ayant comme projet de m’acclimater doucement et pour tenter de gravir les 3 sommets principaux dominant le village : le Parinacota, le Pomerape et le Sajama… Tache éreintante que de faire sa trace en altitude, j’ai revu mes ambitions à la baisse en me disant que je reviendrai un peu plus tard. Ces hautes terres ne m’ont depuis jamais quitté…

Crépuscule de feu à Sajama…