Ile de Paques
Longitude : 27° 07′ 10″ S, Latitude : 109° 21′ 17″ O ….
Depuis “sa découverte” le dimanche de Pâques 1722, Rapa Nui a suscité l’intérêt des navigateurs, des historiens, des scientifiques et des voyageurs du monde entier. Beaucoup a été écrit sur ce qui est considéré comme « l’île la plus île », en raison de son emplacement éloigné dans l’océan Pacifique. Les gigantesques statues de pierre volcanique, connues sous le nom de moai, l’écriture non brouillée des symboles de Rongo Rongo et l’histoire de ses habitants sur le point de disparaître sont à l’origine du mythe de l’île de Pâques.

« le sol solide le plus proche que ses habitants peuvent voir se trouve dans le ciel et se compose de la Lune et des planètes ».
Un peu d’histoire et de Géographie…
Ile de Paques, Rapa Nui, Isla de Pascua, Easter Island,… autant de noms pour ce petit bout de terre perdu en plein Pacifique…
…Rapa Nui est considéré comme étant l’un des lieux habités les plus isolés du monde. Aujourd’hui l’ile la plus proche est Pitcairn à 2000kms, Tahiti est à 4100 kms et la cote chilienne à 3700kms.
L’Océanie est composée d’une grandes quantité d’ile qui s’étend de Bornéo à l’Ouest à l’ile de Pâques à l’Est soit environ 1/3 de la circonférence terrestre.
Aux environs de 500 avant JC, les 1ers polynésiens mettent leur embarcation à la mer pour commencer l’aventure de la colonisation et prennent avec eux des éléments culturels mais aussi des plantes alimentaires (patate douce, canne a sucre, banane) et des poules.
Les rats du pacifique et qqs espèces de lézards voyagèrent également avec eux en cachette.
Les colonisateurs profitèrent également des espèces végétales présentes sur l’ile avant leur arrivée
Contrairement aux anciens européens qui avaient peur de tomber de la planète en naviguant, les habitants de l’Océanie s’aventurent en mer avec confiance. Ces sociétés développent un système de navigation essentiellement basé sur les étoiles ; elles utilisent aussi le calcul mental pour déterminer leur position en fonction de la vitesse du navire, de la présence de courants marins et de la direction des vents
Vers la fin du voyage plusieurs signaux indiquent une terre : les routes des vols d’oiseaux, les signaux dans le ciel (nuages) et les signaux en mer (couleur, débris flottants, algues)
Tous ces signaux permettent de voir une île 30 à 50 kms avant qu’elle n’apparaisse à l’horizon
La forme triangulaire de Rapa Nui est le résultat de l’éruption de 3 volcans principaux et d’environ 70 cônes volcaniques secondaires.
Malgré son origine volcanique, l’ile possède un relief doux contrastant avec les cotes rocheuses et qui la distingue de la Polynésie.
3 volcans : Le Poike, date de 3 Millions d’années et culmine à 370m, Le Rano Kau est le résultat de la 2ème éruption il y a 2,5 Millions d’années et culmine à 300m. Il se caractérise avec son énorme cratère d’environ 1,6km de diamètre.. Le Teravaka est le plus jeune et le plus haut sommet de l’ile à 511m.
Organisation sociale sur Rapa Nui
Selon la tradition, Hotu Matu’a colonisa Rapa Nui et devint le premier Ariki Mau (roi) de l’île. Chacun de ses six fils devint chef d’un des principaux mata (tribus). Au 17ème siècle, il y avait au moins 10 mata organisés en deux confédérations :
- Ko tu’u aro, tribus de statut social supérieur qui vivaient dans la partie ouest de l’île.
- Hotu Iti, tribus de statut social inférieur qui vivaient à l’est.
Miru était, selon la légende, soit le fils, soit le petit-fils de Hotu Matu’a. Il fonda le plus important mata. Le Ariki Mau (le roi) appartenait toujours à cette tribu. Le leader de chaque tribu était le plus vieil homme qui descendait directement d’un fils de Hotu Matu’a. Il était responsable du confort spirituel et physique des personnes du clan.
Chaque individu avait une place déterminée dans la hiérarchie sociale Rapa Nui :
- Ariki Mau : le roi et chef spirituel de l’île. La personne qui avait le plus de Mana
- Ariki Paka : les aristocrates. Avaient aussi du Mana
- Tangata Honui : les anciens qui conseillaient le roi et les chefs des tribus
- Ivi Atua : les prêtres de haut rang
- Matato’a : les guerriers principaux de chaque clan
- Paoa : les guerriers de rang inférieurs
- Maori : les experts dans différents arts et disciplines
- Kio : le plus bas niveau social

Ci dessus : Gravure de 1786 d’après un dessin du peintre-dessinateur Duché de Vancy qui accompagnait De La Pérouse dans son expédition autour du monde. Ce dessin a été publié dans “l’Atlas du voyage de La Pérouse autour du monde” en 1797.
A droite : Jakob Roggeveen était un explorateur néerlandais qui a été envoyé trouver la Terra Australis et qui a “découvert” l’île de Pâques en 1722.



Ci-dessus : Carte illustrant le parcours de l’expédition de Roggeveen des Pays-Bas à Batavia, y compris le chemin séparé emprunté par Cornelis Bouman autour de l’Amérique du Sud dans le Thienhoven . Trois autres expéditions importantes du dix-huitième siècle – celle du navigateur espagnol Felipe González de Ahedo en 1770, du circumnavigateur anglais James Cook en 1774 et de l’explorateur français Jean-François de Galaup de La Pérouse en 1786 – rencontreraient l’énigme de l’île de Pâques.
Ci contre à gauche : le 8 avril 1786, à six heures et demie du soir, se trouvant à l’est de l’île de Pâques, le pays parut très distinctement, comme indiqué dans la première vue. . . . La figure de cette île est donc un triangle isocèle, dont le plus long côté, au sud-est, dépasse un peu plus de quatre lieues, les angles adjacents mesurent chacun 41 °, celui opposé à la base 98 ° et les côtés nord et ouest. , sont chacune deux lieues trois quarts de lon

L’importance qu’avait Hanga Roa dans l’Antiquité était semblable, voire inférieure, à celle d’autres lieux habités par les anciens pascuenses. Avant l’arrivée des visiteurs occidentaux, les habitants de Rapa Nui occupaient tout le territoire de l’île, qui était reparti entre les différents clans de famille qui la dirigeaient, comme en témoignent les nombreux vestiges archéologiques découverts. Cependant, à partir du milieu du dix-neuvième siècle, l’organisation spatiale du territoire a changé brusquement en raison des occupations étrangères successives qui se sont déroulées sur l’île de Pâques.
À l’époque où l’État chilien avait loué l’île à la société d’exploitation de l’île de Pâques, les autochtones étaient confinés dans l’espace qui occupe aujourd’hui Hanga Roa, laissant le reste de l’île inhabitée et exclusivement dédiée à l’exploitation du bétail. La ville de Hanga Roa était entourée d’un mur avec des portes d’accès; par conséquent elle devint une sorte de ghetto pour ses habitants, à qui on interdisait de circuler librement dans d’autres régions de l’île ainsi que d’autres droits fondamentaux.
En raison de cet héritage historique, Hanga Roa est toujours le seul centre habité et la seule ville de l’île de Pâques, où se concentre plus de 90% de la population, atteignant aujourd’hui plus de sept mille habitants. Moins de la moitié d’entre eux sont d’origine Rapa Nui, le reste se compose principalement de Chiliens continentaux et d’un petit groupe d’étrangers de diverses nationalités. Si l’on exclut un faible pourcentage de personnes pratiquant encore la pêche traditionnelle et l’agriculture artisanale, la majorité de la population se consacre au tourisme, étant celle-çi la principale source de revenus.
Hanga Roa, qui signifie « baie large ou longue baie » en langue rapanui, est situé géographiquement au sud-ouest de l’île, entre les volcans Rano Kau et Maunga Terevaka. Il y a l’aéroport Mataveri et les petits ports de Hanga Roa Otai et Hanga Piko, qui sont les seuls points d’accès à l’île par voie aérienne et maritime.
La seule église catholique de l’île est située au bout de la rue Te Pito ou Te Henua. Il s’agit de la paroisse de Santa Cruz fondée en décembre 1937 et ayant comme premier pasteur le père Sebastian Englert, figure essentielle pour l’étude des coutumes, de la langue et de l’histoire de l’île.




Hanga Roa Otai est l’un des points les plus fréquentés de l’ile. Le port est non seulement le lieu d’où partent les pecheurs à l’aube, mais accueille aussi des centres de plongée. Sur l’ Ile de Pâques, il y a de nombreuses criques et baies (hanga en langue Rapa Nui) depuis lesquelles les pecheurs locaux partent en mer. Les plus eloignées sont celles de La Pérouse sur le côté nord-est, Hanga Nui près de Ahu Tongariki et Vaihu sur la côte sud.
Rano Raraku

Le site de Rano Raraku est empli de mystères; c’est dans ce cratère qu’ont été taillé les Moais de l’île; ils sont partout ici: couchés, dressés, la tête à l’air et certains, inachevés, sont encore sertis dans la roche. Il fallait jusqu’à 3 ans pour tailler un Moaî et la plupart ont été couchés mais on ne sait pour quelle raison. La tradition évoque toutefois que c’est l’arrivée de l’évangelisme qui aurait stoppé les croyances locales. Le Piro Piro Moai est l’une des images les plus célèbres et les plus répandues de l’île. Il est situé dans les premiers mètres du chemin principal qui traverse la carrière, comme pour accueillir le visiteur. Son nom signifie mauvaise odeur, mais pas parce que la statue a une mauvaise odeur, mais parce qu’il semble que son nez proéminent fasse un geste de dégoût devant un fort parfum.
Cette statue unique se distingue également par son énorme tête de 4 mètres qui est projetée en avant des épaules, montrant une « mauvaise posture » comme si elle était un peu bossue. Et si vous faites attention à la partie droite du cou, vous pouvez encorenlire quelques lettres du mot « Baquedano ». Cette profanation, sous forme de graffitis anciens fût effectuée par les marins du bateau école General Baquedano lors d’un des 20 voyages effectués sur l’île de Pâques au début du XXe siècle. Cette inscription a fait que le moai Piro Piro était aussi connu sous le nom de moai Baquedano.
Mais en plus de ces détails particuliers, Piro Piro se distingue parmi les autres statues pour ses dimensions énormes. L’explorateur Thor Heyerdahl creusa dans le sol du moai et découvrit que la partie enterrée du corps mesurait presque le double de la hauteur de la tête visible. En ajoutant les deux côtés, la longueur totale atteignait 11 mètres, ce qui a fait de Piro Piro le plus grand moai debout jamais extrait de la carrière.



Le cratère de Rano Raraku. Contrairement aux autres cônes volcaniques de l’île, Rano Raraku est composé d’un type unique de roche poreuse, le tuf de Lapilli issu de l’accumulation de cendre volcanique ejectée et qui une fois refroidie se compacte et se durcit. Rano Raraku est ainsi devenue la carrière où la très grande majorité des statues de l’île de Pâques ont été sculptées. Les Moais ont été sculptés en ce lieu et ont ensuite été emmenés à l’ahu, ou plateformes cérémonielles, réparties sur toute la côte, pour honorer la mémoire des ancêtres.

Photos ci contre : Examen d’une statue avec sa quille lors de l’exploration de l’équipe de Thor Heyerdahl.
Le sculpteur commençait par le visage en accordant une attention particulière au nez car il servait de guide pour maintenir la symétrie et les proportions de la sculpture. Puis il continuait par le cou, le torse, les bras et les mains. Il poursuivait par les côtés jusqu’ à libérer le matériau sous la statue et laisser une étroite bande de pierre le long de la colonne, comme s’ il s’agissait de la quille d’un navire.
La tâche difficile suivante consistait à faire glisser la statue sur la pente raide sans les endommager. Il semble qu’ils aient utilisé des coffres et des cordes en fibres végétales pour soutenir les moai et creuser des canaux dans le sol pour maintenir l’équilibre pendant la descente. Même si de nombreux accidents se sont produits, comme en témoignent les restes de torses et de têtes brisées qui parsèment la colline.
Tonga Riki

Tongariki, dont le nom fait référence aux vents d’est, est situé à l’extrémité de la côte sud de l’île de Pâques dans un paysage sublime. L’histoire de Tongariki mêle des histoires mythologiques, des guerres entre clans et des peuples de tribus remontant au 10ème siècle. Sur la grande esplanade qui s’étend devant les ahu, on a trouvé des restes de maison-dépots ou hare-paenga, de vieux foyers ou umu pae et des centaines de pétroglyphes gravés dans la roche volcanique qui reflètent l’importance de cet endroit extraordinaire.
Ahu Tongariki est la plus grande structure cérémonielle construite sur l’île de Pâques et le monument mégalithique le plus important de toute la Polynésie. Il représente le zénith des constructions sacrées appelées ahu-moai développées à Rapa Nui depuis plus de 500 ans.
La plate-forme centrale, dont l’axe est orienté vers le soleil levant du solstice d’été, mesure près de 100 mètres de long, si on rajoutte ses ailes ou extensions latérales d’origine la longueur totale atteinte est de 200 mètres. Au cours de la dernière phase finale de la construction de l’autel de cérémonie, Ahu Tongariki errigea 15 moai, ce qui ce qui le convertie en la plate-forme avec le plus grand nombre d’images de toute l’île.

Comme en témoigne des dessins, des récits et des photographies conservés, on peut savoir que jusqu’en 1960, l’état de conservation de l’ahu était relativement bon malgré que certaines statues étaient face au sol et qu’une des ailes avait été détruite pour en utiliser les pierres comme matériau de construction pour faire une clôture pour le bétail.
Mais la nuit du 22 au 23 mai 1960, tout a changé. A cette date fatidique se produisa l’un des plus grands séismes enregistrés de l’histoire avec une intensité de 9,5 sur l’échelle de Richter. Il détruit la plupart des régions centrales et méridionales du Chili, faisant de nombreuses victimes, son épicentre étant situé dans la ville chilienne de Valdivia, située à 3 700 km à l’est de l’île.
Mais le désastre fut encore plus grand, car le séisme a provoqua une vague qui traversa le Pacifique pour atteindre les côtes de l’Océanie et de l’Asie, provoquant des destructions particulièrement sur les îles de Polynésie. Près de 6 heures après le tremblement de terre, le tsunami arriva à l’île de Pâques sur son côté est, frappant directement Tongariki.

Les premiers témoins de la destruction de Tongariki arrivèrent quelques jours après le tsunami en raison du manque de moyens de transport sur l’île à cette époque. Plusieurs estimations ont indiqué que la vague gigantesque qui atteigna la baie de Hanga Nui depassa 10 mètres de haut et rentra plus de 500 mètres à l’ intérieure, atteignant les terres proches de la base du volcan Rano Raraku.
Le tsunami frappa frontalement la partie du mur arrière, détruisant complètement la plate-forme principale des fondations et répartissant les vestiges sur une vaste zone. La force de la mer poussa certaines des statues à plus de 100 mètres de profondeur. Certaines d’ elles se cassèrent, reçurent des coups, roulèrent et restèrent volte face, montrant leur visage pour la première fois après plusieurs siècles.
Lorsque l’eau se retira, elle avait complètement détruit la plus grande partie du monument qui présentait maintenant une scène dantesque. Toute la zone était recouverte de rochers de la côte, de pierres de l’ahu et de restes de statues, mélangés avec des os et des crânes humains des tombes qui se trouvaient sous la plate-forme, des restes de moutons morts et de grandes quantités d’algues séchées et d’animaux marins pourri.
Avant cet événement dramatique, la région de Tongariki représentait un site archéologique de premier ordre à partir duquel des informations précieuses auraient pu être extraites sur l’évolution historique de la culture insulaire. Malheureusement, le tsunami causa la perte de la plupart des restes pour toujours.

De cette façon, les travaux ont commencé sur ce qui deviendrait le plus important projet archéologique de tout le Pacifique Sud. En premier lieu, afin de procéder à une reconstruction réaliste du monument, il était nécessaire de procéder à une analyse détaillée des documents et des images historiques existant de Tongariki de la fin du XIXe siècle à 1960 afin de les comparer avec les ruines existantes après le tsunami.
Pour ce faire, de nouvelles cartes de terrain ont été créées à l’aide de méthodes avancées de topographie et de cartographie, ainsi que de modèles numériques. Ensuite, ils ont dû fouiller, inventorier et classer les restes de milliers de pierres, de rochers et de statues éparpillés sur des centaines de mètres autour.
Au cours des fouilles, on a également retrouvé les restes de 17 autres moai détruits qui avaient été réutilisés comme éléments constructifs de l’ancienne plate-forme, comme il était d’usage lorsqu’un ahu était érigé dans un endroit où il y en avait un autre.
La récupération du site a été une étape importante dans l’histoire locale, des experts chiliens, des étrangers et un groupe d’îliens travaillant main dans la main pour reconstruire l’un des lieux les plus importants pour le peuple Rapa Nui.
Anakena

La plage d’Anakena est la plage principale de l’île et représenté un peu l’île revée dans nos rêves d’enfants: son sable fait de corail blanc, sa mer turquoise et cristalline, ses cocotiers en font un lieu idéal pour se poser quelques heures et mettre un peu l’histoire pasquane de côté.
Anakena, appelé aussi baie des rois, n’est pas seulement une plage iddylique; c’est aussi le berceau de l’histoire et de la culture de l’île puisque c’est ici que le premier roi de l’île, Ariki Hotu Matu’a a débarqué avec ses hommes et ses femmes.
Se baigner à Anakena, face aux colosses et dans ce décor magique offre une sensation particulière et touchante. L’endroit a dû peu changer et en fermant les yeux on imagine aisément les premiers polynésiens arrivant ici après un voyage semé de doute… Quelle sensation de bien être ont ils pu ressentir après 4000 kms de navigation !
